Dans le sport de haut niveau, la participation des femmes dans la plupart des disciplines est de plus en plus égale, cependant, au niveau scientifique, la plupart des études utilisent encore des hommes comme participants à la recherche sur la performance sportive, avec beaucoup moins de preuves sur la physiologie de l’exercice chez les femmes.
Cela représente un problème majeur, car les différences physiologiques entre les deux sexes signifient que les preuves ne peuvent pas être directement interchangeables. L’un des principaux facteurs est déterminé par la production d’hormones sexuelles, étant chez les hommes une production relativement stable après la puberté, tandis que les femmes adultes ont des changements cycliques dans la production d’hormones ovariennes.
ALIMENTATION CHEZ LES FEMMES
Ces changements dynamiques dans les profils des hormones de reproduction déterminent non seulement les différences de composition corporelle entre les hommes et les femmes (quantité et distribution de la graisse corporelle), mais aussi la façon dont les sources d’énergie sont utilisées pendant une séance d’entraînement. Les recherches disponibles ont observé que les femmes dépendent davantage que les hommes des réserves de graisse (triglycérides adipeux et / ou IMCL) pour répondre aux besoins énergétiques pendant l’exercice.
Cela signifie que pendant l’exercice, les femmes économisent plus de réserves de glucides (foie et / ou glycogène musculaire). Il est important de noter que l’épuisement des réserves de glycogène est lié à la fatigue. Ainsi, du point de vue de la performance, l’épuisement plus lent des réserves de glycogène pendant l’exercice se traduit par une plus grande résistance à la fatigue et une meilleure capacité à maintenir la performance lors d’événements de plus longue durée.
INFLUENCE DU CYCLE MENSTRUEL SUR LA PRATIQUE SPORTIVE
La recherche a montré que le stockage et l’utilisation du carburant pendant l’exercice sont principalement médiés par les œstrogènes. De même, il a été constaté que les œstrogènes ont un effet anabolisant sur le muscle squelettique tandis que la progestérone effectue l’effet inverse. Nous savons que la menstruation se compose de 4 phases et que dans chacune d’elles il y a une fluctuation de la production hormonale au sein de laquelle elle se démarque :
– Phase menstruelle
– Phase folliculaire (faibles niveaux d’œstrogène et de progestérone)
– Phase d’ovulation (taux élevés d’œstrogènes, réduction de la progestérone)
– Phase lutéale (œstrogène et progestérone élevés)
Comme on peut le voir dans la phase folliculaire tardive et dans la phase ovulatoire, les niveaux d’œstrogènes les plus élevés sont présents, ce qui suggère que pendant cette période, il y aurait moins de fatigue à l’entraînement, en tenant compte du fait qu’il y a une plus grande dépendance aux graisses comme source d’énergie.
Inversement, il a été rapporté que les performances peuvent être légèrement réduites au début de la phase folliculaire où les niveaux d’œstrogènes sont plus faibles.
Malgré ce qui a été décrit, à l’heure actuelle, il n’y a pas assez de preuves pour suggérer que les recommandations nutritionnelles devraient changer à différents stades du cycle menstruel.
STRATÉGIES DIÉTÉTIQUES POUR LES ATHLÈTES FÉMININES
Le magazine Sports Science Exchange (2021) recommande d’établir une hiérarchie des besoins nutritionnels pour conseiller les athlètes féminines, où elles sont encouragées à se concentrer sur la construction d’une base nutritionnelle solide avant une personnalisation approfondie.
La base de la pyramide est la disponibilité de l’énergie, car l’un des principaux problèmes nutritionnels détectés chez les athlètes féminines est d’obtenir une énergie suffisante pour répondre aux exigences du sport et des activités de la vie quotidienne.
La faible disponibilité de l’énergie se manifeste par une constellation de symptômes qui affectent la santé et la performance athlétique. Cet ensemble de symptômes a été appelé « efficacité énergétique relative dans le sport (RED-S) », qui sont détaillés dans le tableau suivant:
En plus de considérer cet apport énergétique adéquat, il est nécessaire de garantir les besoins en macro et micronutriments. Les études disponibles n’ont pas trouvé d’influence significative du cycle menstruel pour générer des recommandations nutritionnelles spécifiques, cependant, il est recommandé de surveiller la consommation de protéines pendant la phase lutéale (du jour 15 au 28),
car l’augmentation des niveaux de progestérone produit des taux plus élevés de catabolisme protéique.
En ce qui concerne les micronutriments, les athlètes féminines sont connues pour être particulièrement sujettes aux carences en fer, en calcium et en vitamine D. Dans le tableau suivant, vous pouvez voir la consommation recommandée :
Pour identifier le risque de souffrir d’une carence, il est conseillé d’évaluer avec un nutritionniste sportif la consommation des principales sources alimentaires de ces micronutriments afin de garantir une contribution adéquate.
CONCLUSION
· Les études disponibles ne représentent pas de preuves significatives pour générer des recommandations nutritionnelles spéciales à chaque phase du cycle menstruel.
· Les athlètes féminines doivent d’abord se soucier de maintenir une disponibilité énergétique adéquate, qui couvre les besoins caloriques, car une carence énergétique relative dans le sport (RED-S) génère une constellation de symptômes qui ont un impact négatif sur la santé et la performance sportive.
· Athlètes, présentant un risque accru de souffrir de carences en micronutriments, est essentiel qu’ils reçoivent des informations de la main d’un spécialiste qui leur permet de garantir un apport adéquat en calcium, fer et vitamine D.
· Faute de recherche, il est nécessaire d’avoir des recommandations adaptées non seulement aux caractéristiques physiologiques des femmes mais aux exigences générées par chaque discipline sportive.